C1 Bernard MONTERGNOLE. LA PRESSE GRENOBLOISE DE LA LIBERATION 1944 - 1952. Editions Presses Universitaires de Grenoble, PUG, 1974, broche, format 15.5*23.5 cm, 255 pages. BON ETAT,
Le Mercredi 23 Août 1944, dans les rues de Grenoble où les troupes américaines commençaient à arriver, on vendait « Le Travailleur Alpin », « Les Allobroges »…Un peu plus tard le 1er septembre paraîtra « Le Réveil »…
Ces journaux allaient-ils constituer le presse « dure et pure » dont tous les Résistant avaient rêvé ?…Il fallut vite déchanter. Des rivalités féroces déchiraient les mouvements et les partis qui s’étaient unis contre l’ennemi commun…De plus, la presse était soumise aux dures réalités économiques de l’époque : manque de papier, matériel vétuste et insuffisant, augmentation galopante des prix. De sorte que la nouvelle presse, en dépit des espoirs qu’on avait mis en elle, ressembla très vite à l’ancienne.
C’est l’histoire de cette transformation et de cette déception que nous conte Bernard Montergnole.
Son travail montre essentiellement qu’en dépit de la volonté des hommes, la presse de la libération a été soumise aux impératifs économiques qui se manifestaient dans tous les pays libéraux…D’où la concentration nécessaire de la presse, l’absorption des feuilles les plus faibles par les plus fortes. Ainsi petit à petit en arrive-t-on, dans la plupart des régions, au monopole : un seul journal pour toute une province. Monopole qui a pour conséquence la disparition, de fait, de la liberté de la presse et la « dépolitisation » des journaux…Telle est l’évolution qui s’est produite à Grenoble, comme dans bien d’autres villes de France…Cette évolution, Bernard Montergnole l’a très finement analysée…
7 septembre 1945, publication du N°1 du Dauphiné Libéré dont, jusqu’à là, seul le titre était imprimé aux côtés du mot « Allobroges ». De 1946 à 1948, le Dauphiné Libéré prend son essor. Le Travailleur Alpin cesse de paraître quotidiennement, le Réveil lance une souscription pour boucler son budget. Les Allobroges et le Dauphiné Libéré restent face à face. Le Dauphiné Libéré finit par l’emporter. Mais avec sa victoire, c’est sous un autre titre, pratiquement le « Petit Dauphinois » qui reparaît. Ainsi tombent les espoirs et les illusions de la libération et s’organise à Grenoble, une presse à monopole, le système de journal unique.
Aussi le livre de Bernard Montergnole n’est-il pas seulement une étude d’histoire locale. Ce qui s’est passé à Grenoble s’est produit à Rennes, Toulouse, Montpellier et dans bien d’autres chefs-lieux de région. L’auteur nous a donné un ouvrage exemplaire, qui vaut pour toute la presse provinciale française. Il sera imité, il est peu probable qu’il sera dépassé.
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