● Comte François de NEUFCHATEAU -- (Saffais 1750 - Paris 1828) ●
Ecrivain, homme politique et agronome français. Ancien député des Vosges, Ministre de l’Intérieur, Sénateur, puis Président du Sénat (en cette qualité, c’est lui qui harangua NAPOLEON 1er lors de son sacre). Il contribua à la fondation des archives et des bibliothèques départementales, et inaugura le Musée de Louvre. Membre fondateur de la Société d’Agriculture, dont il devint le Président en 1808.
L.A.S - Paris, 5 septembre 1818
3p. in-4. (19.5.5x25cm env)
Adressée à M. [Claude-Antoine] DEGOUVENAIN, membre de l’Académie de Dijon et ancien avocat (1751-1834).
Sur papier en-tête de la Société Royale et Centrale d’Agriculture, avec fleuron emblématique gravé.
Importante et très intéressante lettre : il écrit à M. DEGOUVENAIN qui consacra sa vie à étudier la fermentation et réussit à fabriquer des vinaigres supérieurs à tout ce qui se faisait à l’époque. NEUFCHATEAU, intrigué et voyant tout l’intérêt économique, essaye dans ce courrier de lui arracher quelques renseignements d’ordre scientifique.
" Monsieur et cher confrère,
je viens de recevoir le détail de la dernière séance publique de notre académie de Dijon, et j’y trouve mentionnée sous votre nom, et à la date du 18 février dernier, une découverte relative à la fabrication du vinaigre, par 54 Catalogue n°1 un procédé facile et à la portée de tout le monde.
Ce procédé n’est pas expliqué. C’est votre secret ; et l’on ne dit pas comment et à quelles conditions vous comptez la rendre utile à la société. Je m’intéresse vivement à cet objet, sous plusieurs rapports, et je m’en suis occupé surtout relativement à la liaison qu’il peut avoir avec les progrès de l’agriculture.
Ceci peut sembler d’abord un peu extraordinaire ; cependant j’ai pensé que vous me permettriez d’entrer dans quelques détails, et que vous ne refuseriez pas de m’éclairer sans compromettre votre secret, sur l’objet de mes recherches. Cet objet peut être fort étranger à votre découverte, si vous n’avez entendu parler que de l’art de convertir du vin de raisin en vinaigre. Ce n’est pas de ce côté que ce sont dirigées mes perquisitions.
Je dois vous dire d’abord naturellement ce qui les a fait naître. Ce détail sera peut-être un peu long ; mais j’espère que l’amour du bien public et l’intérêt de la science vous détermineront à l’excuser. L’art d’engraisser les animaux n’a pas encore exercé notre chymie française. Les substances acides favorisent la graisse.
Un de mes compatriotes, fixé en Allemagne depuis 30 ans, M. le Baron de Villier, est parti de cette donnée, pour faire fermenter les substances végétales qu’il donne aux bestiaux. Il compose, par ce moyen, une espèce de soupe aux bœufs, si nourrissante qu’un bœuf s’en engraisse parfaitement dans quarante à cinquante jours.
Mais cette nourriture singulière n’est elle-même que le résidu des substances, dont il tire d’abord un excellent vinaigre blanc, comparable au meilleur vinaigre d’Orléans (…).
Après avoir acquis la certitude des résultats étonnants de la méthode de M. le Baron de Villier, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour faire jouir notre agriculture du fruit de ses expériences, mais notre gouvernement n’a pas voulu mettre un prix à sa découverte, et nous sommes réduits sur ce point à des regrets et à de vaines conjectures.. Cependant, nous pourrions essayer. Le système de M. le Baron de Villier n’employe ni pâturages particuliers, ni résidus de brûlerie (…). Il ne distille point les pommes de terre ou les autres farineux qu’il employe. C’est la fermentation acide qui est à ce qu’il paraît, la base de sa méthode. On sait, par exemple, combien le seigle passe facilement à la fermentation acide. (…).
C’est là-dessus, Monsieur et cher confrère, que j’appelle votre attention. Vous jugerez aisément si les procédés que vous avez découverts sont, ou non, susceptibles d’une application quelconque au point de vue particulier sous lequel l’intérêt de l’agriculture me ferait envisager la fabrication du vinaigre.
Si elle pouvait, en effet, se lier avec l’engrais des bestiaux, elle serait bien plus digne d’encouragement que ne l’est, par exemple, la distillation des eaux-de-vie de pommes de terre. La France a de si bonne eaux-de de vie de vin, qu’elle n’a aucun besoin de recourir au (?) des grains, comme dans le nord. Il en est autrement de la multiplication des vinaigres de bonne qualité, qui manquent aux arts et à la consommation journalière.
Ce serait donc un grand service à rendre à la culture et au commerce, que de savoir comment on peut réaliser le moyen dont se sert M. le baron de Villier. Ce moyen existe, le fait est constant, les résultats en sont miraculeux. Si quelqu’un peut trouver le mot de cette énigme si intéressante pour les cultivateurs, c’est vous sans doute, Monsieur et cher confrère, qui avez si bien étudié et si singulièrement perfectionné l’art de faire de l’excellent vinaigre.
Vous voyez avec quelle confiance je m’adresse à vous, je me flatte que vous voudrez bien y répondre par la vôtre et me faire part de vos directions et de vos vues, pour arriver plus sûrement au but que je me propose d’atteindre.
Je vous en serai très obligé et je m’applaudirai d’avoir saisi cette occasion de vous assurer de ma profonde estime et de ma véritable confraternité.
Le Comte François de Neufchâteau »
Très bel état de conservation - Deux très légères petites fentes consécutives à la pliure du document.
Envoi soigné en lettre recommandée avec assurance
Information complémentaire sur le signataire de ce document :
François « de Neufchâteau » était le fils de Nicolas François, régent d'école à Saffais, et de Marguerite Gillet. Son père fut plus tard fermier d'un magasin à sel et contrôleur à Saint-Martin de Vrécourt.
Henri d'Hénin, bailli d'Alsace qui résidait à Neufchâteau remarqua la précocité et la vivacité de l'intelligence autant que les dispositions poétiques du jeune François. Des vers qu'il composa, à l'âge de 12 ans, pour remercier son protecteur, lui valurent l'approbation de Rousseau et de Voltaire, qui répondait à une de ses épîtres par ces vers flatteurs :
« Il faut bien que l'on me succède. Et j'aime en vous mon héritier »
François fit ses premières études chez les Jésuites de Neufchâteau, puis des études de droit à Reims.
En 1765, âgé d'à peine 15 ans, il publiait son premier volume de poésie, Poésies diverses, suivi de Pièces fugitives. La même année, il était reçu, malgré son jeune âge, à l'Académie de Dijon, avant d'être admis par celles de Lyon, de Marseille et de Stanislas3 à Nancy.
À seize ans, il fut autorisé à accoler le nom de la ville vosgienne de Neufchâteau au sien4 : son patronyme devint « François de Neufchâteau ».
En 1770, il fut nommé professeur au nouveau collège épiscopal Saint-Claude de Toul (fondé l'année précédente5), mais s'en trouva très vite éliminé à cause de ses « idées philosophiques ».
Avocat à Reims à partir de 17706, puis à Vézelise, enfin à Paris, il fut rayé du tableau des avocats au parlement de Paris en 1775.
Le 9 janvier 1776, il épousa Mlle Dubus, âgée de 16 ans, fille d'un ancien premier danseur de l'Opéra, Hyacinthe Dubus.Il est qualifié dans l'acte de mariage « officier chez le Roy ». Sa jeune épouse mourut le 18 avril suivant. Veuf, il se remaria avec Mlle Pommier en 1782, mais pour une union constamment séparée, jusqu'au décès de cette épouse en 1805.
La même année 1776, François de Neufchâteau acheta l'office de lieutenant général civil et criminel au bailliage royal et présidial de Mirecourt dans les Vosges. Il devint subdélégué de l'intendance de Lorraine en 1781.
Il s'occupait à une traduction de l'Arioste, lorsque le maréchal de Castries, ministre de la marine, le nomma procureur général près du conseil supérieur du Cap Français, à Saint-Domingue. Mais son voyage pour rejoindre son poste fut très accidenté : sa voiture se brisa non loin de Châtellerault ; à Angoulême, il s'empoisonna avec des champignons, et il tomba dangereusement malade à Bordeaux. Il resta au Cap-Français du 17 décembre 1782 à la fin de 17876, et il y occupa ses loisirs non seulement en terminant sa traduction de l'Arioste, mais encore, après avoir étudié l'économie de cette colonie et les moyens de la développer, en publiant quelques opuscules dont l'un : Mémoire sur les moyens de rendre la colonie de Saint-Domingue florissante, fut, dit-on6, plus d'une fois consulté par Bonaparte.
Le Conseil supérieur du Cap ayant été supprimé, il ne fut guère plus heureux au voyage de retour car son vaisseau fit naufrage et échoua sur les rochers de Mogane, où François de Neufchâteau resta sept jours dans le plus grand danger. Dans le naufrage, il perdit non seulement sa fortune, mais encore son manuscrit de la traduction de l'Arioste sur lequel il fondait de grandes espérances. Un navire qui passait par hasard dans les parages de Mogane le reconduisit au Cap, ou, malgré tout son courage, sa santé fut gravement atteinte. Il dut demander sa retraite qu'il obtint avec 3 000 livres de pension, et, revenu enfin en France en 1788, il se retira dans son petit domaine vosgien de Vicherey, où il occupa ses loisirs à faire des vers et de l'agriculture.
Collaborateur de l'Almanach des Muses puis à La feuille villageoise, il traduisit en vers le Roland furieux
La Révolution, dont il salua l'aurore avec enthousiasme, vint fournir un nouvel élément à son activité.
En 1789, il rédigea les cahiers de doléances du bailliage de Toul et fut élu député suppléant aux États généraux, juge de paix d'un canton, puis administrateur du département des Vosges (12 juin 1790) : il obtint autant de voix que Dagobert (ou « Donat ») Vosgien, pour la présidence du directoire du département mais ce dernier ne fut proclamé élu par le bénéfice de l'âge.
François de Neufchâteau passa quelques jours dans la prison de Metz7, en août 1789, mais à la suite de cette affaire engagée par le lieutenant du roi de Toul ; il devint juge de paix du canton de Vicherey, puis membre du directoire du département des Vosges.
Législative
Le 3 septembre 1791, il fut élu8 député des Vosges à l'Assemblée législative, le 8e et dernier, après plusieurs tours de scrutin.
Élu d'abord secrétaire de l'Assemblée le 3 octobre 1791, puis membre du comité de législation, il se signala par son hostilité envers les prêtres réfractaireset l'Église catholique romaine en général, qu'il souhaitait subordonner à l'État laïc, proposant la vente des édifices qui ne seraient point affectés au culte salarié et la suppression de la messe de minuit. Il provoqua, le 29 novembre suivant, l'adoption de mesures de rigueur contre les prêtres insermentés qui suscitaient des troubles dans les départements de l'Ouest. Dans son rapport il disait : « Il ne s'agit pas ici de contraindre les dissidents à reconnaître les prêtres citoyens et à entrer dans leurs églises, il s'agit de faire respecter la souveraineté nationale, de rendre hommage à l'ordre public. » répondant à une objection, il ajouta, que « seuls les prêtres de la religion catholique étaient et devaient être l'objet de mesures exceptionnelles, parce que leur état de célibatles mettait hors du commun des hommes, parce qu'ils disposaient de moyens extraordinaires pour influencer les esprits, et parce que enfin leur organisation était si solide qu'elle pouvait mettre en hostilité ouverte leur propre cause et celle du public. » Ce discours très applaudi lui valut, quelques jours plus tard (26 décembre), la présidence de l'Assemblée, qu'il conserva jusqu'au 6 janvier 1792, puis du mois d'août au 3 septembre suivant[réf. à confirmer]6. Il fit encore, durant cette session, quelques apparitions à la tribune, notamment pour demander l'ajournement indéfini d'un projet sur le mode de constater l'état civil, et pour proposer de simplifier le régime des élections.
Enfin, lors des journées de septembre, il s'efforça d'empêcher les massacres et les scènes de désordre dont les prisons furent le théâtre.
Censure jacobine
Le 3 septembre 1792, le département des Vosges l'élut9 membre de la Convention nationale, le 2e sur 8 ; mais pour des raisons de santé, il refusa non seulement ce siège de député (il démissionne le 10), mais encore le poste de ministre de la Justice qu'on lui offrit le 6 octobre 17926, et il parut vouloir se tenir à l'écart de la politique.
À la dissolution de l'Assemblée législative (1792), il reprit ses fonctions de juge de paix à Vicherey (Vosges) auxquelles il avait été élu en 1790, se livra à la poésie, composa des fables « pour orner la mémoire des petits sans-culottes », et fit jouer, sur le théâtre de la Nation, le 1er août 1793, une comédie en vers : Paméla ou la Vertu récompensée10, tirée du roman de Samuel Richardson, imitée de Goldoni6, qui eut un vif succès : Mademoiselle Lange y triomphe dans le rôle de Paméla et met à la mode le chapeau de paille dit « à la Paméla ».
Mais les spectateurs crurent y découvrir des allusions hostiles à la Convention et aux Jacobins, et, le jour de la neuvième représentation, comme le rideau allait se lever, un officier de police vint au nom du Comité de salut public interdire la pièce à cause de ces deux vers jugés subversifs :
« Ah ! les persécuteurs sont les seuls condamnables.
Et les plus tolérants sont les seuls raisonnables. »
François de Neufchâteau fit alors les corrections qu'exigeait le Comité ; mais celui-ci signa un arrêté fermant le théâtre et décrétant d'accusation François de Neufchateau. Incarcéré, lui et ses comédiens11, du 2 septembre 1793 au 4 août 1794, il ne fut remis en liberté que quelques jours après le coup d'État du 9 Thermidor. Dans sa prison, il composa des vers pour son ami Mirbeck[réf. à confirmer]12, parmi lesquels ces deux-ci :
« ... Ma devise est qu'il vaut mieux
Souffrir le mal que de le faire... »
Franc-maçonnerie
Il fit partie de la célèbre Loge des Neuf Sœurs à Paris dès sa création en 1776, vraisemblablement parrainé par Charles Dupaty qui sera vénérable de cette loge en 1783. Il aurait été préalablement initié à la loge Saint-Jean le Parfait Désintéressement à l'Orient de Mirecourt réveillée en 1768 sous l'impulsion de son grand ami Joseph Clément Poullain Grandprey. Ce dernier, avocat à Mirecourt depuis 1763, puis conseiller assesseur au bailliage de cette ville à partir du 1er août 1770 aurait pu l'amener à rejoindre la confrérie dans cette loge vosgienne très ouverte aux idées de Lumières13.
Directoire
Nommé membre du tribunal de cassation le 3 janvier 1795, puis commissaire du Directoire exécutif près l'administration centrale des Vosges en novembre 1795, François de Neufchâteau publia quelques brochures sur l'agriculture, mais se livra surtout à la poésie et composa son poème des Vosges, dont il fit hommage au Corps législatif [Ce lien renvoie vers une page d'homonymie] . Il devint correspondant (associé non résident de la troisième classe) de la classe des lettres de l'Institut, le 25 pluviôse an V (13 février 1797), et, l'année suivante, fut élu titulaire de la « classe des lettres » (qui devint en 1803 l'Académie française) en remplacement de Louvet. Il fit partie de la deuxième classe en 1803 et fut maintenu à la réorganisation de 1816.
Neufchâteau fut nommé au ministère de l'Intérieur le 28 messidor an V (16 juillet 1797), en remplacement de Bénezech.
Il y resta deux mois, jusqu'au 28 fructidor (14 septembre 1797), il avait été élu, avec Merlin de Douai, membre du Directoire exécutif, en remplacement de Barthélémy et Carnot, proscrits au 18 fructidor. Membre du Directoire du 8 septembre 1797 au 20 mai 1798, il joua un rôle assez effacé dans le Directoire et le quitta après le tirage au sort en mai 1798.
Envoyé comme ministre plénipotentiaire à Vienne, il se vit bientôt offrir le ministère des Relations extérieures mais le refusa14.
Du 29 prairial an VI (17 juin 1798) au 4 messidor an VII (22 juin 1799), il fut ministre de l'Intérieur pour la seconde fois. Pendant son passage aux affaires, il se signala comme un véritable administrateur. Accomplissant une tâche remarquable dans tous les domaines, il contribua à la fondation des archives et des bibliothèquesdépartementales, du Dépôt général des cartes, institua les concours des collèges et des lycées, chercha à protéger efficacement l'industrie française en organisant l'Exposition de ses produits, organisa les galeries du Louvre, et donna une grande solennité à la réception des objets d'art et des tableaux envoyés d'Italie en France par le général Bonaparte. Il inaugura également le Musée du Louvre.
Durant son administration, il s'intéressa particulièrement aux questions économiques, mettant en pratique certaines de ses idées. Il généralisa l'usage des statistique en transformant « l'engouement » pour celle-ci en « méthode de gouvernement »15, et en cumulant l'outil des circulaires aux enquêtes et tableaux statistiques, afin de favoriser une bonne circulation de la compréhension des problèmes et des décisions politiques15. Ainsi, il tenta de faire dresser, par les administrations centrales des départements, des tableaux de l'activité industrielle (9 fructidor an V). Il fut à l'origine de l'enquête de l'an VII sur les écoles centrales, devenue une source historique importante, et qui visait alors à défendre ces écoles contre les critiques qui leur été adressées15. Inspiré par le libéralisme économique, il chercha à faire connaître et à encourager les innovations tout en suscitant l'émulation entre les acteurs économiques. Il s'attacha donc à favoriser la renaissance des sociétés d'agriculture, figurant parmi les membres fondateurs de la Société d'Agriculture en 1798.
Ce fut lui qui organisa et inaugure la première Exposition nationale des produits de l'industrie le 9 fructidor an VI (tenue du 18 septembre au 21 septembre 1798). L'Exposition fut ouverte au Champ-de-Mars (Paris), le 3e jour complémentaire an VI ; seize départements seulement y prirent part, et le nombre des exposants s'éleva à 110. À la suite de son grand succès, il fut alors convenu de la renouveler chaque année.
Consulat et Empire
François de Neufchâteau était sans fonction publique, quand survint le coup d'État du 18 Brumaire ; il fut des premiers à se rallier au général Bonaparte.
Le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799), il fut nommé membre du Sénat conservateur, en devint secrétaire le 4 germinal an IX, puis président, et fut appelé (11 juin 1804) aux fonctions de grand trésorier de la Légion d'honneur. Il était membre de l'ordre depuis le 9 vendémiaire an XII et grand officier depuis le 25 prairial.
Ce fut lui qui harangua Napoléon Ier, comme président du Sénat conservateur, lors de son sacre. Dans son discours, il dit notamment :
« Le premier attribut du pouvoir souverain des peuples, disait-il, c'est le droit de suffrage... Jamais, chez aucun peuple, ce droit ne fut plus libre, plus indépendant, plus certain, plus légalement exercé qu'il ne l'a été parmi nous depuis l'heureux 18 brumaire. »
Le 28 janvier 1806, il harangua encore l'Empereur, au nom du Sénat, à l'occasion d'Austerlitz. Au mois de juillet suivant, il échangea la sénatorerie de Dijon, dont il était pourvu depuis le 2 prairial an XII, contre celle de Bruxelles, et, en novembre de la même année, il se rendit à Berlin féliciter Napoléon de ses nouvelles victoires et rapporter les trophées pris à l'ennemi.
Le 26 avril 1808, il fut créé comte de l'Empire[réf. à confirmer]6.
Il fut nommé, en 1808, président de la Société centrale d'agriculture, faisant un rapport sur le concours ouvert pour le perfectionnement de la charrue et appelant l’attention des habitants de la campagne sur l’art de multiplier les grains et sur la culture du maïs. Il garde cette charge de président jusqu'à sa mort.
Dernières années
Atteint de la goutte depuis déjà longtemps, il se retira de la vie publique après l'abdication de Napoléon (avril 1814), il se retira des affaires publiques et s'occupa presque exclusivement d'agriculture et d'agronomie : il donna tous ses soins aux réunions de cultivateurs et fut l'un des promoteurs des comices agricoles.
Il publia de nombreux travaux concernant aussi bien l'agronomie que la poésie et l'histoire, ou même l'édition des œuvres de Pascal et des notes sur le Gil Blas de Alain-René Lesage.
Outre les travaux déjà cités, François de Neufchâteau publia une Histoire de l'occupation de la Bavière et, en 1814, la Lupiade et la Vulpéide, Fables et contes en vers ; c'étaient ses fables de 1793, dans lesquelles il avait retranché les pièces où Louis XVI et Marie-Antoinette figuraient sous le nom de « dom porc » et de « dame panthère », et dont il demanda la faveur de faire hommage à Louis XVIII (1815).
Compris dans la réorganisation de l'Académie française de mars 1816, il publia encore, en 1817, les Tropes en quatre chants.
Une lettre de lui, datée de Paris 15 juin 1821, et adressée à Crapelet, nous apprend qu'il était alors presque dans la misère :
« Dans un autre pays, écrit-il, un ancien ministre qui aurait fait ce que j'ai fait ne courrait pas le risque d'être sans asile sur ses vieux jours : la nation payerait ses dettes. »
Il mourut de la goutte, qui le clouait dans un fauteuil depuis plusieurs années déjà. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, dans la tombe correspondant à la concession no 28-1828,[réf. nécessaire] XIedivision, 2e ligne, enclos Delille.
Œuvres
On lui doit un grand nombre de publications politiques, littéraires et agricoles.
Les poèmes de Neufchâteau – Les Vosges (1796), Fables et contes (1814), Les Tropes, ou les figures des mots (1817) – manquent de force et d'originalité, comme une large part de la production de son époque. Ses quatrains à visée éducative lui valurent d'être surnommé ironiquement le « nouveau Pibrac » par Écouchard-Lebrun.
Ses travaux de grammaire et de critique littéraire - notamment ses éditions des Provinciales (1822) et des Pensées (1826) de Pascal et du Gil Blas (Paris, 1820) de Lesage - ont été estimés en leur temps. Il a également écrit de nombreux mémoires savants, notamment en matière agronomique.
1765 Poésies diverses
1766 Pièces fugitives
1771 Odes sur les parlements
1774 Le mois d'Auguste, épître à Voltaire
1778 Le désintéressement de Phocion, dialogue en vers
1781 Nouveaux contes moraux en vers
1784 Recueil authentique des anciennes ordonnances de Lorraine, 2 vol. ; Anthologie morale, ou choix de quatrains et dystiques
1787 Les études du magistrat
1790 Essai sur les moyens de tirer le parti le plus avantageux de l’exploitation d’un domaine borné, ou Système d’agriculture pour les petits Propriétaires, Neufchâteau, 1790, in-8°
1790 Les lectures du citoyen
1791 L'origine ancienne des principes modernes
1791 Rapport fait au nom du comité de législation, par M. François (de Neufchâteau), d'un article additionnel au décret sur les troubles excités sous prétexte de religion, [...] [BM de Senlis]
1795 Dix épis de blé au lieu d'un ; Paméla, comédie en vers
1796 Épître sur un voyage de Paris à Neufchâteau ; Les Vosges, poèmes
1797 Des améliorations dont la paix doit être l'époque
1798 L'institution des enfants ou conseils d'un père à son fils
1799 Méthode pratique de lecture ; Discours sur la manière de lire les vers
1800 Le Conservateur ou recueil de morceaux inédits, 2 vol. ; Recueil de lettres, circulaires, instructions et discours de François de Neufchâteau, ministre de l'intérieur, 7 vol.
1801 Rapport sur le perfectionnement des charrues
1802 Essai sur la nécessité et les moyens de faire entrer dans l’instruction publique l’enseignement de l’agriculture ; lu à la Société d’agriculture de la Seine, au nom d’une commission composée de MM. Cels, Chassiron, Mathieu, Sylvestre, Tessier, et François rapporteur, 1802, in-8° ; éd. en 1827
1804 Résultat des expériences sur la carotte et le panais cultivés en plein champ, pour démontrer que ces racines sont les plus utiles de celles qu’on ait pu introduire dans l’exploitation des terres, et pour diriger les fermiers, Paris : chez Bossange, Masson et Besson, 1804, in-8°, XXIV-251 p. Texte en ligne [archive]
1804 Tableau des vues que se propose la politique anglaise dans toutes les parties du monde
1805 Histoire de l'occupation de la Bavière par les Autrichiens
1806 Voyages agronomiques dans la sénatorerie de Dijon, Paris : Impr. de Mme Huzard, 1806, in-4°, XII-260 p. Texte en ligne [archive]
1809 L'art de multiplier les grains, 2 vol.
1811 Coup d’œil sur l’influence que la Société d’agriculture du département de la Seine a exercée sur l’amélioration de l’agriculture, Paris : Mme Huzard, 1811, in-8°, 24 p.
1814 Fables et contes en vers, 2 vol.
1816 Mémoire sur le plan que l’on pourroit suivre pour parvenir à tracer le tableau des besoins et des ressources de l’agriculture française, lu à la séance particulière de la Société royale et centrale d’agriculture de Paris, du 20 décembre 1815, et imprimé en vertu de la délibération de cette Société, pour être inséré dans ses Mémoires [Société d’agriculture du département de la Seine, p. 161-242], et envoyé aux Sociétés d’agriculture et aux correspondans dans tous les départemens du Royaume, 2e éd., Paris : Mme Huzard, 1816, in-8°, 124 p.
1817 Supplément au mémoire de M. Parmentier, sur le maïs (ou plutôt maïz), [imprimé par ordre du Gouvernement], Paris : Mme Huzard, 1817, in-8° ;
1817 Les tropes ou les figures des mots, poème
1818 Essai sur la langue françoise, et particulièrement sur les "Provinciales" et sur les "Pensées" de Pascal, précédé d'une lettre à l'Académie françoise, Paris : impr. de Crapelet, 1818
1818 Le Jubilé académique ; Rapport d'un goutteux, poème
1818 Rapport fait à la Société royale et centrale d'agriculture par M. le Cte François de Neufchâteau, sur l'agriculture et la civilisation du Ban de la Roche... Séance... du 29 mars 1818, Paris : impr. de Mme Huzard, 1818.
1821 Épître à M. Viennet et au comte de Rochefort
1827 Mémoire sur la manière d'étudier et d'enseigner l'agriculture
Sans date - Paméla, ou la vertu récompensée, comédie en 5 actes
Sans date - Les Vosges, poème récité à Epinal dans la fête de la fondation de la République française, le 1er vendémiaire de l'an V, par M. François (de Neufchâteau), Saint-Dié : impr. de Thomas fils, (s. d.)
Honneurs, hommages, mentions
Institut de France et Académie française :
Correspondant (associé non résident de la troisième classe) de la classe des lettres de l'Institut de France (25 pluviôse an V : 13 février 1797) de la « classe des lettres » (qui devint en 1803 l'Académie française) en remplacement de Louvet.
Élu le 25 novembre 1798 (il fut secrétaire, puis président, section de grammaire) ;
Il fit partie de la deuxième classe à l'organisation de 1803, occupa le fauteuil du président de Nicolaï et maintenu à la réorganisation de 1816.
Autres académies :
Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon,
Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, de Marseille,
Académie de Stanislas à Nancy.
Président de la Société centrale d'agriculture (1808-1828), deveneu depuis la Société royale et centrale d'Agriculture (auj. l'Académie d'agriculture de France),
Membre des sociétés d'agriculture de Berne, Florence, Turin, Munich, etc.
Titulaire de la sénatorerie de Dijon (2 prairial an XII (22 mai 1804)), puis transféré à celle de Bruxelles (juillet 1806)) ;
La rue François-de-Neufchâteau, dans le 11e arrondissement de Paris, lui doit son nom.
Titres
Comte François de Neufchâteau et de l'Empire (lettres patentes du mai 1808, Bayonne17) ;
Distinctions
Légion d'honneur :
Légionnaire (9 vendémiaire an XII : 2 octobre 1803), puis,
Grand officier de la Légion d'honneur (25 prairial an XII : 14 juin 1804) ;
Grand trésorier de l'Ordre (22 prairial an XII : 11 juin 1804).
Source : wikipédia
● Bienvenue dans ma boutique "Autographes d'Antan" ●
Vous recherchez un thème précis : contactez-moi ou recevez mes nouveautés en m'ajoutant à votre liste de vendeurs favoris
Consultez mes autres ventes & mutualisez les frais d'envoi !