A. Willette "
Bel état de conservationEnvoi soignéInformation complémentaire sur le signataire de ce document :
Fils d'un colonel qui fut aide de camp du maréchal François Achille Bazaine, et qui fut muté à Dijon, Adolphe Léon Willette est l'élève d'Alexandre Cabanel à l'École des beaux-arts de Paris.
Il y fait la connaissance d'Antonio de La Gandara, dès 1875, et débute au Salon de 1881.
Il s'installe à Montmartre en 1882 et loue avec son frère, le docteur Willette, un atelier au 20, rue Véron. Il illustre Victor Hugo, peint des fresques et des vitraux, dessine des cartes postales, des affiches publicitaires, des couvertures de livres et, en échange d'un repas, des menus de brasserie. Ses représentations de Pierrot et Colombine lui valent une certaine popularité.
« En rupture totale avec l'académisme à la mode de Bonnat et autre Bouguereau, Willette ignore tout autant la révolution impressionniste. Sa palette est pauvre et se cantonne le plus souvent dans des harmonies de gris et d'ocres. […] À partir de 1886, il s'éloigne de plus en plus de la peinture, qu'il ne retrouvera qu'à l'occasion de grandes décorations, pour se consacrer au dessin. »
Avec Rodolphe Salis et Émile Goudeau, il participe à la création du cabaret parisien « Le Chat noir » du boulevard Rochechouart où il expose d'abord une toile refusée au Salon, puis qu'il décore ensuite de panneaux, notamment celui du Parce Domine (1884). Au Chat Noir, il retrouve Antonio de La Gandara et fréquente également Henri Rivière, Maurice Donnay, Maurice Rollinat, Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Signac, Camille Pissarro, Vincent van Gogh, Louis Anquetin ou Georges Seurat.
En 1888, à Paris, a lieu sa première exposition de peintures et de dessins au 34 rue de Provence : Jules Chéret lui fait une affiche.
Il décore de nombreux cabarets et restaurants de la Butte Montmartre : l'auberge du Clou, la Cigale, le hall du bal Tabarin, la Taverne de Paris, ainsi qu'un salon de l'Hôtel de ville de Paris. En 1889 il décore le Moulin Rouge, et dessine le célèbre moulin.
Polémiste ardent, Willette collabore tour à tour à de nombreux périodiques illustrés comme Le Chat noir, Le Courrier français, Le Triboulet, Le Rire, sans oublier, dès 1901, L'Assiette au Beurre dont il compose la lettre de présentation. Il fonde plusieurs publications comme Le Pierrot (1888-1891 ?), La Vache enragée (1896-1897), Le Pied de nez (1901), Les Humoristes (avec Steinlen en 1901).
En 1889, en pleine affaire Boulanger, et sans écarter ici l'hypothèse d'une blague, dans le style du Chat noir, de plus ou moins bon goût4, Willette se présente comme unique « candidat antisémite » aux élections législatives du 22 septembre, dans la 2e circonscription du 9e arrondissement de Paris. Une affiche est produite, laquelle fut récupérée en 1942-1943 sous l'Occupation, selon Laurent Gervereau
En 1891, il prend la défense du montmartrois et communard Jean-Baptiste Clément condamné pour ses activités syndicalistes et militantes à deux ans de prison et cinq ans d'interdiction de séjour. Un dessin qui parait dans Le Courrier français montre une jolie et aguichante jeune fille qui chante avec insouciance. Elle marche enchaînée et encadrée par deux antipathiques gendarmes. L'un d'eux s'est emparé du panier de cerises qu'elle avait au bras. Une légende accompagne le dessin, en forme de nouveau couplet de la célèbre chanson de Jean-Baptiste Clément, Le Temps des cerises
Durant l'affaire Dreyfus, à partir de 1894, il se range du côté des antidreyfusards avec d'autres artistes proches comme Caran d'Ache7 ou Forain. Par ailleurs, il collabore au journal La Libre Parole illustrée (1893-1897) dirigé par Édouard Drumont.
En 1896 Willette participe à l'organisation du premier cortège carnavalesque montmartrois de la Promenade de la Vache enragée. Il y défile costumé en pierrot noir, à la tête d'une joyeuse troupe de pierrots et colombines1. Il est responsable de la deuxième édition de la fête qui a lieu l'année suivante. Ce sera la dernière édition de ce défilé du vivant de Willette.
Il est également membre de la goguette du Cornet8.
Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1906, il est ensuite élevé au rang d'officier de ce même ordre en 1912.
En 1914, l'architecte Pierre Regnault, fondateur de l'Union des Catholiques des beaux-arts, invite ses membres à une messe en mémoire des membres défunts. Adolphe répond à l'invitation et suggère de faire cette messe « pour ceux qui vont mourir, et que cet office soit fait dans une vieille église de Paris, historique, par exemple l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, le Mercredi des Cendres ». Cette première messe eut lieu[Quand ?] dans la dite église avec lecture de la prière de Willette quelques jours après son[Qui ?] décès. Une dalle en pierre scellée dans le mur de l'église y commémore l'événement9.
À partir de 1915, un groupe de jeunes artistes de Coutances dans la Manche, est parrainé par Willette. Ils fondent Le Pou qui grimpe. Ce groupe se propose de « rénover l'art populaire » et de « faire connaître et aimer Coutances, non seulement en Normandie, mais encore dans tous les milieux de lettrés et d'artistes du pays » (Georges Laisney).
Willette publie ses souvenirs en 1919 sous le titre Feu Pierrot chez Henri Floury.
Guillaume Apollinaire comptait parmi ses plus fervents admirateurs, qui écrit en 1911 : « L'art de Willette consiste surtout en une alliance charmante de l'esprit et de la poésie, de la peinture et de la chanson, de l'allégorie et de la vie même. S'il y a beaucoup de gaieté et d'insouciance sur tous les visages de ses tableaux, l'on y découvre aussi de la mélancolie. »
En 1920, avec Forain, Neumont, Guérin et Poulbot il fait partie des fondateurs de la République de Montmartre. Il en sera le premier président jusqu'au 14 août 1923.
En 1923, il pose la première pierre du dispensaire des Petits Poulbots à Montmartre.
Adolphe Willette meurt en 1926 et est inhumé au cimetière du Montparnasse, 2e division.
Postérité
En 1927, le nouveau square inauguré au pied du Sacré-Cœur est baptisé en son honneur « square Willette ». Il porte ce nom jusqu'en 2004. Le 28 février 2004, à la suite d'une délibération11 du Conseil de Paris souhaitant à la fois sanctionner son antisémitisme des années 1889-1895 et honorer la mémoire d'une femme engagée et liée à l'histoire des combats de la Commune de Paris (1871), ce square est rebaptisé square Louise-Michel du nom de la communarde montmartroise Louise Michel12,13.
Œuvre
L'œuvre graphique de Willette est à ce jour difficilement mesurable en termes de quantité et un catalogue raisonné relève de la gageure : selon Laurent Bihl, outre les dessins de presse, les tableaux et les gravures, on compterait des éventails, boîtes de friandises, menus, images scolaires ou religieuses, tracts, enseignes de boutique, cartes postales, faire-part de naissance, affiches, décorations murales de lieux publics, chansons illustrées, mais aussi chars carnavalesques, déguisements, costumes de scène, bannière religieuse, etc.14
Affiches
Willette est un affichiste prolixe, reconnu de son temps pour son talent de lithographe par Jules Chéret, Henri Beraldi ou encore John Grand-Carteret et Armand Lods.
Le Petit National : transformation complète , révolution dans la presse16, lithographie en rouge et noir, Imprimerie des Arts et Manufactures (Paris), 1888.
Élection législative du 22 septembre 1889... Ad. Willette candidat antisémite..., lithographie en noir signée « A. Willette directeur du Pierrot » avec son adresse de domicile, Paris, 1889.
Le Courrier français illustré17, Lithographie Vieillemard & ses fils, Paris, 1890.
L'Enfant prodigue, 1890, affiche pour la pantomime de Michel Carré fils au Théâtre des Bouffes-Parisiens, Paris, lithographie sur papier, musée des arts décoratifs de Paris.
Salle des Capucines, Lithographie Sicard et Farradesche (Paris), 1890.
Exposition Internationale des produits du commerce et de l'industrie, Palais des Beaux-Arts & Galerie Rapp, Imprimerie Charles Verneau (Paris), 1893.
Exposition des œuvres de Charlet et de lithographies modernes, Imprimerie Belfond, 1893, citée dans Les Maîtres de l'affiche, no 194.
Prenez du cacao Van Houten, Imprimerie Belfond (Paris), 1893.
La Revue déshabillée de Mr Jean d'Arc. Tous les soirs aux Ambassadeurs, Imprimerie du Courrier Français (Paris), 1894.
Demandez chez votre épicier le cacao Van Houten, Imprimerie Charles Verneau (Paris), 1894.
Grande matinée artistique organisée par la Patrie et la Presse, le dimanche 4 avril... au profit des blessés grecs et crétois, Imprimerie de la Presse, 16, rue du Croissant (Paris), 1897.
Fer Bravais contre l'anémie, Imprimerie Delanchy (Paris), 1897.
Salon des Cent, XXVIe exposition d'ensemble, lithographie sur papier, Paris, 1897.
Journée du poilu, 25-26 décembre 1915, organisée par le Parlement, imprimerie Devambez (Paris), 1915.
Journées de l'Hérault 15 octobre 1916 au profit exclusif des œuvres de guerre du département, imprimerie Devambez, 1916.
Hâtez la Victoire en souscrivant à l'Emprunt de la Défense nationale - On souscrit sans frais chez tous les notaires, imprimerie Devambez, 1916.
Journées de Seine-et-Marne 1917, Paris, imprimerie Devambez, 191718.
Estampes et caricatures
Fonds du Département des arts graphiques du musée du Louvre, Paris19 ;
Le Quadrille naturaliste20, dessin gravé par Charles Gillot, eau-forte, 1885.
Enfin ! Voilà le choléra, 1885, aquatinte, planche no 15 de Pauvre Pierrot, L'Isle-Adam, musée d'art et d'histoire Louis-Senlecq
4 caricatures antisémites de Willette datées 1889-1895 (plus deux reprises en 1942) au musée d'art et d'histoire du judaïsme (Paris) ;
Jeune femme, Williamstown, Clark Art Institute ;
Cortège nocturne, Genève, Association des Amis du Petit-Palais ;
Quelques pages religieuses et artistiques (en collaboration avec S. Clair), André Marty imprimeur, 1915, Plougasnou ;
Il est bien entendu, les mères du monde, qu'après cette guerre nous ne reverrons plus cette saloperie dans la plaine Monceau, caricature en couleurs signée et datée de 1916 — origine et localisation inconnues.
Peintures
Parce Domine... (1884), toile ayant anciennement orné le Cabaret du Chat Noir de la rue Rochechouart, Paris, musée de Montmartre ;
Portrait de femme, Défilé, musée des beaux-arts et d'archéologie de Châlons-en-Champagne ;
La Fortune, huile sur toile, L'Isle Adam, musée d'art et d'histoire Louis-Senlecq ;
À la pensée, gouache, projet d'enseigne du magasin Henry Pensée, Paris, musée Carnavalet
Source : wikipédia